Loic Le Gac
Les catalogues de formation sont fréquemment des ensembles hétérogènes en terme de qualité, de style, de pédagogie. Construire une marque de formation constitue la clé pour donner du sens à son offre et attirer les apprenants.
Proposer aux apprenants une homogénéité dans l’expérience
Il peut y avoir un certain plaisir à « chiner » chez un brocanteur, dans un dépôt vente, dans un magasin de déstockage à la recherche d’une occasion, d’une bonne affaire. Cela implique de prendre du temps et bien souvent de le perdre. En effet, nous n’avons aucune garantie sur la qualité de ce que nous allons trouver. C’est une recherche au « petit bonheur la chance ».

A l’inverse si nous voulons être sûrs de trouver ce que nous cherchons nous allons nous fier aux marques que nous connaissons. Au moins nous savons à quoi nous attendre. Nous avons d’ailleurs tendance à renforcer ce réflexe lorsque nous achetons en ligne. Pas d’interlocuteur, pas de boutique, il nous faut de l’assurance : ce que nous garantit le fait de prendre une marque connue, en théorie. Ce que nous espérons dans ce cas y trouver, c’est une permanence, une homogénéité dans notre expérience, ce pour quoi Apple, notamment, est bien connu du public.
Pourquoi en irait-il différemment lorsqu’il s’agit de proposer une formation. Du point de vue de l’apprenant ce n’est pourtant pas un choix léger : il va donner de son temps et de son argent pour sa construction professionnelle. N’est-ce pas un acte plus engageant que l’achat d’un smartphone ?
Pourtant, trop souvent, les formations proposées par les organismes de formation, par les directions de formation, ressemblent à ce magasin des bonnes affaires décrit plus haut : on y trouve de tout en terme de qualité, de style, de manière de faire, de présentation…
Il est important pour l’apprenant d’assurer une homogénéité.
Se donner un référentiel commun de construction des formations
Donner de la cohérence à son offre ou à son catalogue de formation, c’est en premier lieu -cela peut sembler une évidence- s’assurer que les référentiels pédagogiques utilisés sont les mêmes. Posez-vous la question quelques instants : comment naissent les formations chez vous ? Existe-t-il des règles communes pour les créer, construire le contenu, établir les objectifs ?
Fréquemment, chaque formateur, chaque chef de projet, chaque prestataire, certes à partir d’objectifs pédagogiques, va élaborer son propre vade mecum. Il s’agit pourtant de la première pierre fondamentale (= pierre angulaire) pour garantir une qualité d’expérience homogène aux apprenants.
Ce socle commun doit être documenté et partagé. Il est apparaît essentiel également de s’assurer de sa bonne application. Il est loisible de se donner toutes les chartes du monde, encore faut-il veiller à leur application.
Rendre cohérentes les expériences d’apprentissage
Et puis il y a la structure, le scénario et la forme. Que les formations soient digitales ou non, ces trois éléments définissent la suite de l’expérience des apprenants, au-delà de la pédagogie. Les émissions de « C’est pas sorcier » étaient toutes construites autour des mêmes ingrédients :
- une maquette physique du phénomène à expliquer,
- un aller-retour entre un personnage naïf vivant une expérience et un sachant en laboratoire venant la ponctuer de ses éclairages,
- une synthèse des éléments présentés à la fin de l’émission…

C’est cela que le téléspectateur vient « acheter » en visionnant l’émission, en sachant que la même qualité pédagogique sera mise en oeuvre avec régularité.
Cette cohérence formelle et pédagogique n’empêche pas la diversité tout en donnant des points d’appui à l’apprenant pour s’y retrouver.
Intégrer les valeurs, la marque globale de l’entreprise
Cela sera d’autant plus vrai que les choix de formes, de scénario, de structure seront faits en fonction des valeurs et de la marque globale de l’entreprise. Les formations sont une traduction de l’identité de l’entreprise, elles n’en sont pas déconnectées. Une mauvaise expérience fera partie intégrante du ressenti d’un collaborateur ou d’un client.
Il est donc primordial d’imaginer et de construire des rituels, des ingrédients qui serviront à la construction de chaque formation et seront la traduction des valeurs de l’entreprise.
Tous ces éléments : référentiel commun pédagogique, structure, rituels et forme prenant en compte les valeurs, constituent ce que l’on appelle une marque de formation ; et cette marque vient en déclinaison et en renforcement de la marque globale et de la marque employeur.

Gagner en fidélisation, renforcer sa marque employeur
Mettre en œuvre une telle stratégie, cela procure de nombreux bénéfices. Le premier est l’attachement et la fidélisation. L’apprenant / le client développera une confiance dans les formations qui lui sont proposées. Dans un second temps, cette cohérence facilitera son immersion dans la formation et donc sa réussite. Enfin, en troisième temps, il deviendra un porte parole de cette qualité, au service de la marque employeur.
Cette idée de marque structure depuis longtemps les choix que nous faisons en matière d’enseignement supérieur. Nous allons pour nous ou pour nos enfants vers telle ou telle école en fonction de son image de marque, nous achetons une niveau présupposé de qualité et une expérience pédagogique.
Il est temps que la marque vienne structurer davantage la formation professionnelle, à l’heure du digital et de la formation tout au long de la vie ; à l’heure surtout où l’apprenant est au centre de son expérience. Construire sa marque de formation c’est travailler sa notoriété, faire reconnaître son expertise, augmenter la réussite des apprenants, s’assurer que les apprenants seront transformés par leur expérience. C’est donner du sens et de la qualité.